Cet article explique comment est calculé le diagnostic de performance énergétique, cet outil permettant d’évaluer la performance énergétique des logements en France. En 2025, ce dispositif s’appuie sur une méthode de calcul unifiée et rigoureuse, permettant de classer chaque logement dans l’une des sept classes énergétiques, de A à G.
Principes fondamentaux du calcul du DPE
Le DPE repose désormais sur une évaluation objective des caractéristiques physiques du bâtiment, indépendamment des habitudes de consommation de ses occupants. La méthode sur facture a été supprimée au profit d’une analyse technique des éléments constitutifs du logement.
Méthode de calcul unifiée
Le DPE prend en compte deux dimensions fondamentales :
- La consommation d’énergie primaire, exprimée en kWh/m²/an
- Les émissions de gaz à effet de serre (GES), exprimées en kg CO₂/m²/an
La classe finale attribuée correspond à la plus mauvaise note entre ces deux critères. Par exemple, un logement affichant une consommation énergétique de classe B mais des émissions de GES de classe C sera finalement classé C.
Éléments pris en compte dans l’évaluation
L’analyse porte sur l’ensemble des caractéristiques techniques du logement :
- La qualité de l’isolation thermique (murs, toiture, planchers)
- Les matériaux de construction et leur performance thermique
- Le type et la qualité des fenêtres et vitrages
- Les systèmes de chauffage et de production d’eau chaude sanitaire
- La ventilation
- Les ponts thermiques (zones de faiblesse dans l’isolation)
Tableau récapitulatif des classes DPE en France en 2025
Classe | Conso énerg (kWh/m²/an) | Émissions GES (kg CO₂/m²/an) | Caractéristiques principales | Statut réglementaire |
---|---|---|---|---|
A ✅ | < 70 | < 6 | • Isolation extérieure très performante (> 20 cm) • Triple vitrage haute performance (Uw < 1,1) • Absence de ponts thermiques • Systèmes très efficaces | Excellent niveau, référence pour les constructions neuves |
B | 71 à 110 | 7 à 11 | • Isolation haute qualité (16-20 cm) • Double vitrage à isolation renforcée (Uw 1,1-1,4) • Ponts thermiques très limités | Très bonne performance énergétique |
C | 111 à 180 | 12 à 30 | • Bonne isolation (12-16 cm) • Double vitrage performant (Uw 1,4-1,6) • Ponts thermiques limités | Bonne performance énergétique |
D ️ | 181 à 250 | 31 à 50 | • Isolation moyenne (8-12 cm) • Double vitrage classique (Uw 1,6-1,8) • Quelques ponts thermiques | Performance énergétique acceptable |
E ⚠️ | 251 à 330 | 51 à 70 | • Isolation insuffisante (4-8 cm) • Double vitrage ancien ou simple vitrage épais (Uw 1,8-2,5) • Présence importante de ponts thermiques | Location interdite à partir de 2034 |
F | 331 à 420 | 71 à 100 | • Isolation très faible (< 4 cm) ou absente • Simple vitrage épais ou double vitrage très ancien (Uw 2,5-3,5) • Nombreux ponts thermiques | Location interdite à partir de 2028 |
G | > 421 | > 101 | • Absence d’isolation ou isolation très dégradée • Simple vitrage fin (Uw > 3,5) • Ponts thermiques majeurs • Système de chauffage obsolète | « Passoire thermique » Location en partie interdite depuis 2025 * |
Ce tableau présente les différentes classes énergétiques du DPE, leurs seuils techniques et les implications réglementaires associées. La classe finale attribuée correspond systématiquement à la plus mauvaise note entre la consommation énergétique et les émissions de gaz à effet de serre. Cette classification est déterminante pour la valeur immobilière et les possibilités de mise en location d’un logement.
Évolution récente des réglementations DPE : vers un assouplissement des contraintes pour certains propriétaires
* En mars 2025, la commission des affaires économiques du Sénat a adopté une proposition de loi introduisant d’importantes modifications au régime d’interdiction de location des logements classés G au DPE. Cette initiative vise à tenir compte des difficultés pratiques rencontrées par certains propriétaires, particulièrement en copropriété. Le texte prévoit désormais plusieurs dérogations à l’interdiction de mise en location pour les propriétaires ayant réalisé « tous les travaux techniquement et juridiquement possibles » ou confrontés à des obstacles légitimes comme l’opposition d’un architecte des bâtiments de France ou le refus du syndic d’engager des travaux essentiels dans les parties communes. La commission a élargi ces dérogations aux maisons individuelles et introduit un critère de proportionnalité économique, exemptant les propriétaires lorsque le coût de la rénovation est « manifestement disproportionné par rapport à la valeur du bien ». Ce texte sera examiné en séance publique le 1er avril.

Les sept classes du DPE et leurs critères d’attribution
Détaillons désormais les modalités de calcul des 7 classes.
Classe A : Les logements ultra-performants
- Consommation énergétique : inférieure à 70 kWh/m²/an
- Émissions de GES : inférieures à 6 kg CO₂/m²/an
- Caractéristiques techniques typiques :
- Isolation thermique extérieure très performante (> 20 cm d’épaisseur)
- Triple vitrage à haute performance (Uw < 1,1 W/m².K)
- Absence quasi-totale de ponts thermiques
- Systèmes de chauffage et de production d’eau chaude très efficaces
- Souvent équipés de systèmes de production d’énergie renouvelable
Classe B : Les logements très performants
- Consommation énergétique : de 71 à 110 kWh/m²/an
- Émissions de GES : de 7 à 11 kg CO₂/m²/an
- Caractéristiques techniques typiques :
- Isolation thermique de haute qualité (16 à 20 cm d’épaisseur)
- Double vitrage à isolation renforcée (Uw entre 1,1 et 1,4 W/m².K)
- Ponts thermiques très limités
- Systèmes de chauffage modernes et efficaces
Classe C : Les logements performants
- Consommation énergétique : de 111 à 180 kWh/m²/an
- Émissions de GES : de 12 à 30 kg CO₂/m²/an
- Caractéristiques techniques typiques :
- Bonne isolation thermique (12 à 16 cm d’épaisseur)
- Double vitrage performant (Uw entre 1,4 et 1,6 W/m².K)
- Ponts thermiques limités
- Système de chauffage efficace
Classe D : Les logements acceptables
- Consommation énergétique : de 181 à 250 kWh/m²/an
- Émissions de GES : de 31 à 50 kg CO₂/m²/an
- Caractéristiques techniques typiques :
- Isolation thermique moyenne (8 à 12 cm d’épaisseur)
- Double vitrage classique (Uw entre 1,6 et 1,8 W/m².K)
- Présence de quelques ponts thermiques
- Système de chauffage conventionnel
Classe E : Les logements peu performants
- Consommation énergétique : de 251 à 330 kWh/m²/an
- Émissions de GES : de 51 à 70 kg CO₂/m²/an
- Caractéristiques techniques typiques :
- Isolation thermique insuffisante (4 à 8 cm d’épaisseur)
- Double vitrage ancien ou simple vitrage épais (Uw entre 1,8 et 2,5 W/m².K)
- Présence importante de ponts thermiques
- Système de chauffage vieillissant
Classe F : Les logements énergivores
- Consommation énergétique : de 331 à 420 kWh/m²/an
- Émissions de GES : de 71 à 100 kg CO₂/m²/an
- Caractéristiques techniques typiques :
- Isolation thermique très faible (< 4 cm) ou absente
- Simple vitrage épais ou double vitrage très ancien (Uw entre 2,5 et 3,5 W/m².K)
- Nombreux ponts thermiques
- Système de chauffage ancien et inefficace
Classe G : Les « passoires thermiques »
- Consommation énergétique : supérieure à 421 kWh/m²/an
- Émissions de GES : supérieures à 101 kg CO₂/m²/an
- Caractéristiques techniques typiques :
- Absence d’isolation thermique ou isolation très dégradée
- Simple vitrage fin (Uw > 3,5 W/m².K)
- Ponts thermiques majeurs
- Système de chauffage obsolète et très consommateur
Implications réglementaires des classes DPE
La classification DPE a désormais des conséquences juridiques importantes, notamment pour le marché locatif :
- Depuis le 1er janvier 2025 : Les logements classés G sont considérés comme indécents et ne peuvent plus être proposés à la location
- À partir de 2028 : L’interdiction s’étendra aux logements classés F
- À partir de 2034 : L’interdiction s’étendra aux logements classés E
Ces mesures s’inscrivent dans une politique nationale de lutte contre la précarité énergétique et de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Évolutions possibles du DPE en 2025

Le DPE fait l’objet d’une réflexion constante pour améliorer sa pertinence et sa fiabilité. Parmi les évolutions possibles en 2025 :
- Une réévaluation du coefficient attribué à chaque type d’énergie, particulièrement pour les logements chauffés à l’électricité
- Une adaptation des critères d’évaluation pour mieux prendre en compte les spécificités des bâtiments anciens
- Un renforcement des contrôles et de la formation des diagnostiqueurs pour garantir l’uniformité des résultats
Le DPE constitue ainsi un outil en constante évolution, visant à encourager l’amélioration du parc immobilier français tout en contribuant aux objectifs nationaux de transition énergétique et de lutte contre le changement climatique.