Selon différentes études scientifiques relayées par l’Organisation mondiale de la santé, le lait maternel est meilleur pour les nouveaux nés que ses substituts en poudre. Oui, mais sans parler des orphelins et des mères qui ne sont pas en mesure d’allaiter, des vaches clonées pourraient faire encore mieux. C’est en tout cas ce qu’affirme le laboratoire argentin qui vient de réaliser une première mondiale : la naissance de Rosita, une vache Jersey portant deux gènes humains.
L’Argentine en pointe dans le clonage bovinSon nom est Rosita ISA et elle a pour particularité de pouvoir produire un équivalent du lait maternel. Il s’agit de la première vache clonée au monde, comportant deux gênes humains. C’est un laboratoire argentin, l’Institut national de technologie agricole, qui lui a donné naissance. Pour parvenir à ce clonage, il a travaillé avec l’Université argentine de San Martin. « Cela ne va rien changer pour les femmes, mais pour les bébés si, en les protégeant contre des maladies et en améliorant l’absorption de fer », a déclaré convaincu à l’AFP Nicolas Mucci, l’un des trois responsables de ces recherches. Ce n’est pas la première fois qu’un gène humain est injecté dans l’ADN d’une vache, reconnaît le chercheur, en revanche le fait que l’animal porte deux gènes modifiés est inédit, non seulement chez un bovin, mais chez tout mammifère. Toujours selon les dires de M. Mucci, par un procédé voisin, ses homologues chinois eux-aussi très en pointe sur ce type de manipulation ont récemment réussi à implanter les mêmes gènes, mais dans deux clones distincts, ce qui n’ouvrirait pas les mêmes perspectives.
| Rosita, une vache Jersey portant deux gènes humains |
Un lait meilleur pour les bébés ?
« L’objectif était d’améliorer la valeur nutritionnelle du lait de vache en ajoutant deux gènes humains, la protéine lactoferrine et le lysozyme » a par ailleurs expliqué lors d’une téléconférence sur Internet, l’un des autres responsables de cette expérience, Adrian Mutto, de l’Université nationale de San Martin.
La protéine en question est présente chez tous les mammifères, mais elle est spécifique à chaque espèce, ainsi la lactoferrine bovine n’a aucun effet sur les humains. Cette substance favorise d’une part l’assimilation du fer pour la fabrication des globules rouges et d’autre part le développement des dents, des cellules intestinales, antibactériennes, antivirales et antifongiques.
A l’état naturel, le lysozyme, qui présente aussi des propriétés antibactériennes est présent dans le lait de vache, mais en quantité bien moindre que dans le lait maternel où cette enzyme est très concentrée durant la première semaine de lactation.
« Des perspectives pour les générations futures » ?
En injectant ces gènes à un bovin, l’équipe argentine espère pouvoir produire un « lait similaire à celui des êtres humains ». Le fait d’introduire les deux éléments dans une cellule en une seule opération « est très important, car cela améliore l’efficacité du procédé », ont affirmé les chercheurs, précisant que les petits de Rosita « auront des gènes modifiés dans 25 à 30% des cas », « ce qui ouvre des perspectives pour les générations futures ».
Il ne sera possible de vérifier que ces deux protéines sont bien présentes dans le lait de la vache-cobaye que dans dix mois, lorsqu’elle pourra faire l’objet d’une simulation de grossesse.
Deux fois plus lourd qu’un veau « normal »…
Pour l’heure, la bête qui est née le 6 avril fait l’objet d’une surveillance « 24 heures sur 24 », a expliqué Nicolas Mucci. Petit détail qui ne rassure pas : Rosita est venue au monde « par césarienne, en raison de son poids excessif, 45 kilos, alors que les Jersey ne dépassent pas habituellement les 22 kilos »…
A noter : décidément pionniers en la matière, déjà en 2004 des Argentins avaient « mis bas » au premier veau génétiquement modifié afin de produire un lait enrichi d’une hormone de croissance humaine et, trois ans plus tard, le même laboratoire privé s’était illustré avec quatre vaches capables de produire de l’insuline « humaine ».