Les trous blancs : une nouvelle frontière de l’astrophysique

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Les trous blancs : une nouvelle frontière de l’astrophysique

L’univers ne cesse de nous surprendre avec ses phénomènes étranges et fascinants. Après les trous noirs, dont l’existence est aujourd’hui bien établie, les scientifiques s’intéressent désormais à leurs opposés théoriques : les trous blancs. Ces objets cosmiques, encore hypothétiques, pourraient révolutionner notre compréhension de l’univers et résoudre certains des plus grands mystères de la physique moderne.

Qu’est-ce qu’un trou blanc ?

Imaginez l’inverse exact d’un trou noir. Là où un trou noir absorbe tout, même la lumière, un trou blanc expulserait matière et lumière sans jamais rien absorber. Ces « fontaines blanches », comme on les appelle parfois, sont prédites par la théorie de la relativité générale d’Einstein, tout comme l’étaient les trous noirs.

Pendant longtemps, les trous blancs sont restés une simple curiosité mathématique. En effet, contrairement aux trous noirs dont on comprend bien le processus de formation (l’effondrement d’étoiles massives), on ne connaissait pas de mécanisme naturel pouvant donner naissance à un trou blanc. Cependant, de récents développements théoriques offrent désormais un scénario plausible pour leur existence.

Répartition de la matière noire dans l’Univers (image provenant d’une simulation réalisée par un superordinateur).

De trou noir à trou blanc : une métamorphose cosmique

Des physiciens, dont Carlo Rovelli, proposent que les trous blancs seraient en fait l’ultime stade d’évolution des trous noirs. Cette idée s’appuie sur une théorie en développement appelée « gravitation quantique à boucles« , qui tente de réconcilier deux piliers de la physique moderne : la relativité générale et la mécanique quantique.

Selon cette théorie, l’espace lui-même serait composé de minuscules « grains » indivisibles. Lorsque la matière s’effondre au cœur d’un trou noir, elle finirait par atteindre cette limite de compression. À ce stade, un phénomène quantique se produirait, inversant la dynamique : au lieu de continuer à se contracter, la matière commencerait à être expulsée. Le trou noir se transformerait ainsi en trou blanc.

Cette transformation résoudrait plusieurs problèmes théoriques, notamment celui de la « singularité » au cœur des trous noirs (un point où les lois de la physique cessent de fonctionner) et le paradoxe de l’information (comment l’information entrée dans un trou noir peut-elle en ressortir ?).

Représentation d’un trou noir relié à un trou blanc selon la théorie de la gravitation quantique à boucles.

Pourquoi ne les voit-on pas ?

Si les trous noirs se transforment en trous blancs, pourquoi n’en observons-nous pas ? La réponse tient à la nature flexible du temps en relativité générale. Près d’un trou noir, le temps s’écoule beaucoup plus lentement que pour un observateur distant. Ainsi, ce qui pourrait être une transformation de quelques millisecondes pour le trou noir lui-même pourrait prendre des milliards d’années de notre point de vue.

Représentation du « Grand Rebond » (Big Bounce en anglais), un modèle théorique où, après une phase de contraction de l’Univers (à gauche), le Big Bang (au centre) marquerait le début d’une phase d’expansion de l’Univers.

À la recherche des preuves

Les scientifiques pensent que les meilleurs candidats pour observer cette transformation seraient les trous noirs primordiaux, des objets hypothétiques formés juste après le Big Bang. Ces trous noirs très petits s’évaporeraient plus rapidement (par un phénomène prédit par Stephen Hawking) et pourraient donc se transformer en trous blancs dans un délai observable.

La transformation pourrait se manifester de deux façons :

  1. Une explosion violente libérant un intense flash de rayons gamma.
  2. La formation de minuscules trous blancs stables, qui pourraient constituer une partie de la mystérieuse matière noire de l’univers.

Des implications révolutionnaires

La découverte de trous blancs aurait des implications majeures :

  • Elle confirmerait la théorie de la gravitation quantique à boucles, établissant ainsi la nature quantique de l’espace-temps.
  • Elle pourrait fournir une explication à la nature de la matière noire.
  • Elle offrirait de nouvelles perspectives sur le Big Bang, que la théorie décrit comme un « rebond » d’un univers précédent en contraction.

Les défis à venir

La détection de trous blancs pose d’immenses défis techniques. Les signaux seraient extrêmement faibles et difficiles à distinguer d’autres phénomènes cosmiques. Les scientifiques travaillent sur de nouvelles méthodes d’observation et des instruments plus sensibles pour traquer ces objets insaisissables.

Les trous blancs représentent donc une nouvelle frontière passionnante de l’astrophysique. Bien qu’encore hypothétiques, ils pourraient détenir la clé de nombreux mystères cosmiques. Leur étude illustre comment la physique théorique et l’observation astronomique travaillent de concert pour repousser les limites de notre compréhension de l’univers. Que nous découvrions ou non ces objets fascinants, leur recherche promet déjà de stimuler l’innovation scientifique et d’approfondir notre connaissance des lois fondamentales qui régissent notre cosmos.

Source : Voici venu le temps des trous blancs – CNRS

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